La dernière croisade

Avec beaucoup de retard, je partage enfin mes dernières sorties de l'été. Cette année qui m'aura vu moins pêcher m'a aussi vu réfléchir à d'autres présentations mais aussi remiser certains leurres et certaines techniques.

Durant l'une de ces journées d'été et durant l'une de ces journées presque normale et presque chaude, je me décidai à sortir quelques leurres de surface. Après tout, ces maudites perches qui semblaient en surpopulation l'année dernière semblent avoir totalement disparues cette année. Pourquoi ne pas les tenter au popper ?

Le combo sélectionné, je n'oubliais pas pour autant de prendre ces fameux petits crawlers. Achetés il y a quelques temps à prix cassé, je n'avais jusqu'alors jamais trouvé le temps et l'opportunité de les sortir. J'avais bien réussi à convaincre mon ami Fabien de faire de même mais ses tests avaient montré que le leurre parvenait à sélectionner les brochetons qui trainaient dans les bancs de chevesnes...

Comme lors de mes précédentes venues, aucune perche à l'horizon. C'est donc le moment que je choisis pour tester le mini crawler. Pour plus d'efficacité, une pêche amont semblait de mise sur un combo spécial "topwater" assez souple avec un bon nylon 26/100 et un ratio de 7.1 afin de pouvoir coller à la vitesse du courant par endroit.

Le résultat ne se fit pas attendre. Après un premier rush monstrueux et une décroche classique, je parvenais à ferrer un deuxième poisson dans un contre courant en espérant que ce ne soit pas l'un de ces maudits brochets...

Quel plaisir de valider cette famille de leurre sur mon poisson fétiche. Une famille de plus pour leurrer cet éternel chevaine ! J'ai encore quelques idées de leurres à tester mais je pense quand même avoir fait le tour d'une grande partie des familles de leurres modernes.

Avec le soleil couchant, ce joli chevesne me laissera un joli souvenir. Mais profitant de la pénombre qui s'installait, je ne pus m'empêcher de tenter un dernier spot. Spot que j'aborde en général par l'amont et où depuis quelques années je ne prends quasiment plus rien. Soit ils ne se tiennent plus sur le poste d'antan, soit ils sont très éduqués, soit ils occupent dorénavant un joli contre courant protégé par un surplomb végétal.

Et comme prévu, de l'aval ils ne m'ont pas vu venir. Après un ou deux poissons ratés, je pose mon crawler simplement à deux distances de canne. J'aperçois une masse qui se dirige vers le crawler mais qui ne peut me voir puisque je me tiens derrière une branche qui finit sa course au milieu de la rivière. La touche est fugace et le combat violent directement sous la canne mais je me trouve là encore avec un parpaing de belle taille...

Petit passage sur la toise pour vérifier les mensurations que je commence à connaître en ces lieux.

Cette sortie ne fut pour autant pas ma dernière. Je ne pouvais baisser les bras concernant ces perches ! Plusieurs soirées me verront venir au crank ou au spinner mais rien à faire... Les poissons de l'année dernière avaient comme disparu.

Bien sûr il y a toujours quelques poissons modestes mais rien de bien intéressant. Après réflexion, j'aurais dû tenter une approche plus traditionnelle au leurre souple mais à ce moment de l'année, je ne disposais pas d'autant de temps que j'aurais voulu.

Mais avant que la fermeture soit vraiment là, une dernière idée trottait dans ma tête. Tenter le secteur de la grosse truite du début de saison. Ce poisson que je n'ai jamais réussi à revoir...

Encore une fois, je tentai de remonter la rivière en wading avec de simples petits cranks. Mais là encore, j'allai de déconvenue en déconvenue sur perches et truites jusqu'à un poste typique à chevesne. Peu de temps avant la nuit, le petit crank heurta les rochers avant de se faire saisir brutalement...

La pénombre de fin de partie me saisit et les photos devenaient quasiment impossibles. Je pus malgré tout atteindre une taille que je n'avais jamais atteint en ces lieux sur les chevesnes avec un poisson proche des 55cm.

Voilà comment se termina ma saison en première catégorie certes mais pas de premier ordre. Une année particulière qui m'aura cannibalisé une bonne partie de mes sessions pour des approches sportives plus ingrates et pour moi, moins pourvoyeuses de bonheur.

Avec le recul je ne regrette pas ce choix mais je ne suis pas sûr de le refaire chaque année. C'est bien là l'avantage, mettre de côté une passion la fait parfois revenir encore plus fort. Comme on le dit si bien : "chassez le naturel, il revient au galop !". Dans le domaine de la pédagogie on pourrait mentionner "l'effet élastique" mais ça, c'est une autre histoire...