Chevesnes de Noël
26 déc. 2022Dans un temps pas si lointain, quoique... En fait cela fait maintenant presque une vingtaine d'années. Bref, dans un temps pas si lointain, plus jeune donc, je me délectais de ces vidéos japonaises dans lesquelles mes héros s'appelaient Katsutaka Imae ou bien Toshifumi Kikumoto.
Lorsque l'on vient de l'école de la pêche à la truite avec la pêche aux appâts naturels comme technique de base, le choc des cultures est assez frappant.
"Catch the impossible" et consort, ce genre de remarques qui font tilt en vous ne me laissaient pas sans idée. Bien au contraire, l'idée première étant de leurrer un poisson avec une imitation de quelque chose, je me moquais éperdument de prendre un bass ou autre chose.
Non, le poisson roi en terme de densité sur nos rivières détruites en partie par cette culture boomer était et est toujours le chevaine. Et à l'époque je dois dire que je commençais tout juste à m'y intéresser.
"All that fifty's up", dépasser 50cm comme objectif principal collait également avec le chevesne. J'ai mis quelques temps à dépasser cette marque.
En échangeant avec d'autres, je me suis vite rendu compte que sur des cours d'eau petits et moyens, c'était une marque raisonnable.
Bien sûr il y a toujours ces guignols qui vous annoncent des 60cm facile, et même "76cm pris par mon grand père à l'époque".
Même si ce genre de spécimens existent notamment sur le Rhône ou le Rhin où j'ai pu constater les prises exceptionnelles de certains amis avec des poissons de + de 60cm (jusqu'à 65cm si ma mémoire est bonne), la marque des 50cm est déjà respectable pour ma part.
Le genre de vidéo de l'époque avec le générique "qui va bien"...
Personnellement mes trois plus gros font respectivement 59cm, 57,5cm et 56cm. Force est de constater que se rapprocher de 55cm n'est pas toujours évident.
Jour 1 : "black ice" et chevaines frigorifiés.
Mais revenons-en à cette période. Quelques sessions avant Noël me semblaient nécessaires car j'étais en manque de pêche... Et comme d'habitude, quand j'ai envie de retourner au bord de l'eau et plier du carbone, j'opte pour le chevesne !
Malheureusement pour moi qui vit en moyenne montagne, descendre dans le "bas" réserve parfois quelques surprises. Ce jour-là c'était la pluie verglaçante ! Un phénomène que j'ai rarement vu dans mes montagnes.
C'est donc le monde à l'envers. Je laisse le plateau avec du vent, des nuages et 7 degrés pour une purée de pois avec entre -2°c et 0°c. Mes premiers essais ne sont pas concluants sur diverses zones, j'opte alors pour un secteur où je suis venu plusieurs fois et que je commence à cerner.
Les premiers essais sur un banc calé derrière un buisson m'annoncent que la tâche va être ardue. Quelques poissons se décalent timidement sur mon imitation d'insecte... Mais à force de déambuler le long de la rivière, la première cible active apparaît et me rassure.
Comme d'habitude c'est très intéressant de cerner leur poste de tenue. Ils ont délaissé les courants et se tiennent en général vers des frondaisons. Certains de manière statique, mais d'autres errent par groupe et n'hésitent pas à remonter plus amont dans les courants.
Le premier ayant été pris avec une imitation d'insecte posée sur le fond, je décide alors de dégainer le poisson nageur. J'opte en général pour le Diving Chubby Minnow qui ne quitte jamais ma boite durant l'automne et l'hiver.
L'effet suspending est des plus importants. La récupération est entrecoupée de pauses plus ou moins longues durant lesquelles le leurre doit suivre le courant nonchalamment. De nos jours la plupart des PN sont devenus sinking pour plusieurs raisons mais je pense également que la plupart des pêcheurs croient leur PN prenant uniquement lorsqu'il est en mouvement. Je suis convaincu que d'ici quelques temps, les suspending reviendront en force...
Un des avantages également avec deux cannes, c'est de pouvoir faire le fameux doublé. Comme pour le bass, une fois qu'un poisson est pris, les autres individus viennent en général voir ce qu'il se passe. C'est le moment où il faut donner du mou avec la première canne et lancer le leurre du deuxième ensemble. La cohue du moment fait le reste...
Cette fois encore cela a fonctionné. Il faudra que j'arrive à filmer ce genre de séquence... Le premier a été déclenché avec le LS. Le second viendra se saisir du PN et par la même occasion dépasser la fameuse marque des 50cm.
Le genre de plaisir simple au bord de l'eau : prendre des poissons sur des ensembles légers qui donnent un maximum de sensations.
Par endroit le manque de profondeur me fait opter pour le Chubby Minnow plongeant moins profondément. Le paysage glacé et vide de présences humaines dégage une grande sérénité.
Je tente une découverte dans les hautes herbes et par endroit des orties givrées atteignant encore les 1m50 me ralentissent considérablement mais tout cela sans résultat. Il faut se rendre à l'évidence, la sortie semble faite et bien faite. Un rapide retour sur mes pas pourrait me donner un dernier poisson qui sait ?
Ce sera chose faite avec ce poisson dépassant les 51cm. Quoi de mieux pour conclure cette sortie plaisir !?
Jour 2 : Poisson Nageur en lévitation.
Une semaine plus tard, je tente cette fois une ultime sortie. La météo semble alors moins pire que la dernière fois même si à nouveau je me heurte à un réchauffement plus difficile dans le bas...
J'avais prévu la découverte d'un nouveau secteur mais la hauteur des berges me donnera du fil à retordre. Néanmoins la population abritée semble de qualité. Je dédouillerai difficilement sur un poisson en maraude très très lent pour venir se saisir du poisson nageur...
Pour la petite histoire, Monsieur Chevaine venait de finir de digérer une écrevisse... Comme quoi...
Le froid semble ne pas vouloir nous quitter et je change pour une zone connue et déjà présentée par un ami. En arrivant, les cormorans sont présents et je doute de la présence éventuelle de mes compagnons.
Mes doutes vont se dissiper très rapidement après la première prise d'un poisson de 52cm suivi par un congénère de 53cm.
Toujours au poisson nageur. La lenteur de la récupération et la présentation entre deux eaux semble aujourd'hui faire mouche. C'est intéressant car suivant les journées j'ai parfois plus de réussite au fond avec mon LS.
Qu'importe le plaisir est là et les prises s'enchaineront avec parfois de magnifiques actions que je n'ai pas toujours réussi à filmer. Car oui, prochainement Damien mettra en ligne plusieurs de ces séquences.
Puis finalement en insistant bien je parviens à prendre un de ces gros pépères dépassant juste les 50cm mais gras comme un moine. Une puissance incroyable au bout de ma canne !
Encore plusieurs poissons me feront l'honneur de venir poser avec des couleurs splendides tirant entre le doré et le brun. Au delà de ça, c'est toujours un grand bonheur de croiser des poissons en pleine santé avec des écailles parfaites.
Il est cette fois encore temps de rentrer. En hiver les journées sont courtes et les kilomètres pour rentrer à mon domicile sont nombreux.
Il devrait me rester un bon mois avant la fermeture.
J'hésite sur le fait de continuer à profiter d'un grand nombre de touches ou bien retourner voir quelques perches à vue ?
Le dilemme reste entier...