Question de trajectoire

Gamin, cela m'avait toujours épaté. Dans une revue halieutique ou bien dans une de ces émissions comme "Destination pêche" qui passait le samedi après-midi sur France 3, on y voyait parfois un vieux pêcheur qui sortait des perches les unes derrière les autres.

Je trouvais cela incroyable. Il faut dire que chez moi, les perches les plus proches se trouvaient dans un lac alpin... Il n'était point question de pouvoir trouver des perches sous un arbre à un endroit donné.

Au delà de la technique rudimentaire qui en fera sourire plus d'un, je me disais déjà qu'il fallait avoir les bonnes conditions pour réaliser une telle pêche. Je dis parfois et depuis un moment, qu'au delà de la technique il faut les bons éléments : une densité de poissons et une météo adéquate.

Depuis septembre, les premières pluies salvatrices avaient fait bouger ces Dames mais trop peu de temps et d'envie à leur consacrer. D'habitude lorsque les premières feuilles de frêne tombent, je sais que c'est le signal...

Cette année c'est donc début novembre que je retournai au bord de l'eau avec en ligne de mire une de ces grosses perches.

Mais seraient-elles encore présentes sur ce tronçon que j'apprécie ?

Histoire de commencer du bon pied, je ne pus m'empêcher donc de démarrer vers un de ces arbres magiques.

Histoire de voir si elles étaient toujours là, histoire de se rassurer un peu et histoire de voir si le bonhomme n'était pas trop rouillé...

Très vite l'épuisette fut remplie de poissons modestes mais probablement assez longs pour marquer des points dans un autre type de pêche.

Ce n'était pas ce que j'étais venu chercher... A la base ma sortie devait rester dans le thème "pêche à vue". Pour l'avoir déjà pratiquée plusieurs fois au début de l'automne et pendant certaines journées d'hiver, les jolies perches déambulent à la recherche de petits invertébrés en lorgnant sur le fond.

L'attitude de ces poissons n'est en général pas agressive, leur vitesse de prospection est assez lente et le jeu consiste à leur présenter quelque chose de discret à ras du fond. Très peu de mouvement voire aucun en fonction de l'humeur de l'individu visé. Le plus pénible reste à anticiper la trajectoire de la cible pour que le leurre soit déjà posé au fond lorsque celle-ci arrive dans la zone...

Cela peut paraître simple en théorie mais comme le dit la citation précédente, cela peut vite devenir une galère sans nom en réalité et la poursuite d'un poisson peut vite s'éterniser. Et pour en rajouter, il faut tenir compte des obstacles de la berge...

Pour le fun, c'est le combo UL qui est de sortie. Et afin de faire face à une possible rencontre avec un poisson éduqué, j'ai opté pour le 16/100ème en bas de ligne. Frein progressif et desserré de mise.

Niveau armement, c'est petit hameçon texan et plombée légère. Entre 1,25g et 1,80g. Au delà on laboure le fond et on perd du matos. Inutile donc.

Mais voilà que je tombe sur un de mes poissons fétiches... C'était trop tentant. Je n'ai pas pu m'en empêcher. Fait marrant comme parfois, pendant le combat il est alors rejoint par plusieurs de ces camarades.

Ici ou là, je tombe sur des attroupements de ces chevaines avec certains individus très jolis. Je pense avoir trouvé mon coin pour pêcher cet hiver aux appâts...

Je me retiens de ne pas tenter chacun d'entre eux. Je cherche avec mes polarisantes ces fameuses zébrures mais sur des postes marqués je tente à ras du fond, aux sensations, sans forcément rechercher une cible à vue.

Encore raté... Mais celui-ci m'a fait le plaisir d'une défense intéressante sous un arbre. Je commence à désespérer de voir une belle perche mais j'arrive sur un secteur qui contient toujours quelques poissons.

A cet endroit, un automne, je suis tombé nez à nez avec un de ces monstres improbables. Certainement la plus grosse perche à vue que j'ai pu rencontrer. J'ai toujours l'espoir de la recroiser.

Mais finalement mon regard est enfin attiré par les zébrures recherchées. Une fois que l'on voit la première, on devine alors les autres. Elles sont 3 et je vais les tenter pendant plusieurs dizaines de mètres.

Deux d'entre elles finissent par stopper de longer la berge et s'orientent alors vers le centre de la rivière. Il ne me reste plus qu'un poisson.

A force d'obstination et après un grand nombre de lancers ratés, j'ai soudain une fenêtre entre deux arbres. Posé au fond mon leurre attend. Une fois le poisson proche, un léger soubresaut intéresse enfin la curieuse. Le toc puissant ressenti et visuel est toujours salvateur...

Je pensais ce poisson plus petit et il m'aurait tout de même comblé. Pour moi l'objectif de la sortie était atteint.

L'embonpoint de cette gourmande confirmait que bien que les températures de ces dernières semaines aient atteint des records, les perches elles, n'avaient pas perdu de temps pour se préparer à l'hiver.

Mais vous savez comment sont les pêcheurs... Il en faut toujours plus.

Malgré mes déambulations, point d'autres perches mais carpes et barbeaux aperçus. J'avais le choix. Après cette fois une poursuite plus longue que celle de la perche, un barbu se laissait finalement tenté pour clôturer ma session.

Ces poissons sont toujours aussi beaux avec leurs reflets dorés.

Le combat en 16/100ème me donna malgré tout quelques sueurs froides.

Je terminerai par la découverte d'un autre secteur qui s'avérera totalement infructueuse.

C'est là l'inconvénient du pêcheur à pied et du pêcheur à vue. Beaucoup de temps à arpenter les berges, beaucoup de temps à lire l'eau, les postes, la végétation et parfois au bout du chemin... une modeste récompense. Personnellement, cela me convient...