Le labyrinthe du linéaire
10 août 2022Bien que le labyrinthe apparaisse comme un lieu qui fourmille de voies et de chemins diverses dont on aurait peine à sortir, la linéarité d'un canal (bien que simple d'apparence) peut cacher en effet un véritable labyrinthe pour l'esprit du pêcheur chasseur...
Août, un de mes mois préférés pour la pêche du bass et l'utilisation de la frog qui plus est. Il fallait bien revenir en ces lieux. J'étais cette fois accompagné de Fabien, nous avions de nouvelles choses à tester.
Mais cette fois-ci, je tenais à visiter plusieurs spots sans perdre trop de temps sur certains. La longueur monotone de ce type de spot est parfois décourageante.
Mes dernières réflexions afin de gagner du temps et maximiser nos chances tournaient autour de la tenue possible des bass. Afin d'affiner le "pattern" (mot très à la mode mais souvent détourné de son sens premier), plusieurs variables entrent en jeu et notamment ce que j'appelle la tenue ou les postes, la zone. Bref, y-a-t-il un endroit qui reviendrait de manière systématique ?
Le premier secteur visé, un grand classique, nous rapporta 0 poisson mais pas loin d'une dizaine d'attaques en tout genre.
Quelques jolis bass dans le lot mais aussi des brochets pas vilains. Balle au centre et un peu dépités, rendez-vous au deuxième secteur.
Quand le soleil n'est pas haut, les zones d'ombre sont forcément plus grandes et sur un poste typique la sanction fut immédiate.
Mais contrairement à la dernière fois, ce bass apparaîssait comme plus charpenté. Voilà ce que je viens chercher en général ici, des "boules de graisse", des poissons vigoureux à la robe et au physique sans défaut.
Cette fois, c'était une frog Booyah conçue notamment par Jason Christie qui avait ma préférence. Après quelques lancers, la prise en main était différente de la frog Daiwa. Mais une chose est claire, l'animation la plus prenante reste pour moi le twitch suivi d'un mou dans la ligne crée par un retour de la pointe de la canne au point de départ.
Le moulinet ne récupère alors que très peu de fil. L'important est vraiment ce mou. Il a de l'importance pour que la frog fasse ce mouvement gauche/droite mais aussi et surtout lorsque le gobage intervient : le black bass doit pouvoir engloutir cette proie sans tension dans la ligne.
Trop de tension et la frog nagera mal. Bannière trop tendue et le bass s'en saisira mal. C'est un outil formidable qui nécessite une petite prise en main. Si cela est source de décrochés, alors il y a forcément une explication.
Cheminement d'une frog en (presque) pleine eau mais en limite de deux types de poste. Bien souvent trop tentante pour un bass embusqué...
Une des preuves de la bonne animation de votre frog, c'est cette ligne de bulles que l'on peut voir ci-dessus.
La photo a été prise quelques secondes après une animation donc il reste quelques bulles mais la plupart ont déjà disparu. Je reste persuadé que ce petit détail peut parfois faire la différence.
Pour en revenir aux possibles ratés, les américains parlent parfois de "short biting". Nous avons pu les observer lors de cette sortie. En partant du principe que la bannière doit se décaler avant le ferrage, parfois celle-ci ne bouge pas. Soit ce sont de petits poissons qui ne parviennent pas à se saisir correctement de la frog, soit des poissons tatillons mais cela reste plutôt rare.
Et dans ce cas, j'ai remarqué que cela se produisait plutôt en plein soleil ou lorsque l'heure est avancée.
Et quand tout va bien, ce genre de poisson ne laisse que très peu de chance à votre frog. Comme lors de la première prise du jour, le gobage de ma frog a été d'une rare violence.
De plus, celui-ci s'est produit quasiment sous la canne. Le ferrage et les premiers rushs ont été vigoureux...
Encore une tenue imparable pour ce poisson : un mélange de zones ombragées, de végétaux différents ainsi qu'une profondeur légèrement différente des secteurs proches. Avec en bonus, une couleur de l'eau légèrement plus claire mais pas trop. C'est quasiment automatique.
D'ailleurs un peu plus loin, la direction du vent et sa vitesse me font délaisser ma traditionnelle frog et son combo habituel pour un ensemble légèrement moins puissant. Rempli de nylon, cet ensemble est plus destiné à l'utilisation de wakebaits et petits swimbaits.
Le Tiny Bullshooter me permettra de toucher un modeste petit bass et je décalerai un plus joli. L'animation de ce leurre reste à travailler mais cette nage aguichante est incroyable et tellement proche d'une perche soleil en perdition.
Mais sur le secteur brassé par ce vent de Nord, c'est le Zacrawl SC de chez ADUSTA mi crankbait, mi wakebait ou bien encore "surface crankbait" qui aura été le déclencheur. Une bouchée conséquente qui se fait repérer de loin et qui trouve pleinement son utilité dans de telles conditions météorologiques.
L'attaque ne s'est pas fait attendre. Et encore une fois cela vient à l'encontre des pratiques couramment utilisées ou en tout cas celles que je vois pratiquées au bord de l'eau, à savoir petits leurres et cannes light.
Erreur que je faisais également lors de mes premières venues il y a presque 10 ans en cherchant ces jolis bass au microjig.
Ils sont charpentés ? Eh bien ! donnons-leur à manger.
Qui a dit boule de gras ?
Il y a quelques années, je parlais avec un de ces "sponsos". Certains se proclamant même comme "meilleur bass fisherman" de l'Est de la France (je ne savais pas que le titre existait... lol). Après avoir été complètement snobé (quand on n'est pas sponso forcément, c'est pas top dans le CV), ce Monsieur m'a gentiment expliqué que seul les bass se rapprochant des 60cm l'intéressaient... Personnellement, je veux bien me contenter de ces poissons tous les étés jusqu'à ma mort.
Hélas, à cette saison, tôt ou tard la température et l'ensoleillement deviennent un fardeau. Et les attaques vont se réduire ou bien se transformer (comme dit plus haut) en attaque courte source de bien des déconvenues.
Nous en ferons l'amer expérience avec Fabien. Mais en mode têtu je décidai de rester jusqu'aux mêmes horaires que lors de ma précédente venue. Le même secteur était visé et je parvenais cette fois à prendre encore plusieurs poissons qui coffraient la frog un peu plus franchement.
Étrangement, la lumière baissant, les attaques semblaient un tout petit peu plus franches. Même s'il aura fallu jouer de sang froid pour parvenir à piquer ces derniers poissons agressifs mais tâtillons.
Il serait intéressant de voir ce que cela donnerait au coup du soir. Cela pourrait être une de mes excuses pour ma prochaine venue, coup du soir, nuit dans la voiture et coup du matin ? Encore une belle connerie à tester.
A moins que comme prévu ce soit la Saône qui me fasse ressortir le float tube mais la logistique y est un peu plus importante. A méditer...
PS : Petit bonus pour ceux qui sont allés jusqu'ici. Je reviendrai peut être sur ce leurre et son utilisation.