Dédale et casse-tête - Jour 3
30 juil. 2022Dernier jour, dernières opportunités. Je décidai donc de me lever de bonne heure pour tenter là où je m'étais arrêté et profiter de l'absence de randonneurs...
Je repris donc là où j'avais laissé la rivière quelques jours auparavant. Il était tôt, le soleil ne chauffait pas encore correctement mais j'optai pour me mettre à l'eau rapidement... La fraicheur de l'eau me réveilla quelque peu et sur le premier poste plus vaste que les autres, un premier poisson se saisit de mon leurre avant de disparaître avec...
Un peu frustré, je montai donc un autre Tiny fry 38 SP en coloris goujon en lieu et place de mon coloris vairon.
Un poisson visiblement âgé et très abîmé s'en empara à proximité de la dernière action. Avec ses 27/28cm, j'avais là un exemple d'une taille honorable sur cette petite rivière.
Mais très vite les choses se compliquèrent. Après avoir changé à maintes reprises de leurres, je ne parvenais plus à faire bouger le moindre poisson.
Les jolis postes s'enchainaient néanmoins. Étrange. Était-ce moi ou bien y-avait-il quelque chose que je ne maîtrisais pas, que je ne comprenais pas ??
Le temps passait et pour éviter trop de questionnements internes, j'entrepris de prendre le chemin de randonnée et retrouver le type de poste qui avait fait ma fortune : une partie de rivière plus en plateau.
Le cadre était quand même incroyable...
Un peu plus haut, je tentai à nouveau ma chance, bénéficiant d'un rapprochement sentier/rivière. Un petit poisson me réconforta dans mon idée.
Le genre de poste où je parvins à décaler quelques poissons.
L'aiguille tournait et la rivière s'éloignait à nouveau dans des gorges plus difficiles d'accès. Le fait de ne pas être en waders me contrariait, je n'avais aucune envie de tenter quelques maudits insectes dans les herbes hautes. Tant pis ! Direction encore plus haut !
Cette fois la rivière se calmait et laissait place par moment à de longs bouts plats avec quelques aulnes. Arbres pour lesquels j'ai toujours une grande attirance à l'automne pour localiser les chevesnes.
Ici, ce sont les truites qui habitent en dessous comme celle qui est visée sur la photo au dessus. A l'impact du leurre, elle se déplaça de 5 bons mètres pour ensuite se décrocher sur une chandelle aérienne. Les sauterelles semblaient donc bien au menu.
Timidement, doucement mais sûrement, les poissons semblaient retrouver une certaine activité.
Était-ce donc le soleil qu'elles attendaient ?
Les ratés n'étaient pas absents de cette session, loin de là. Cette fois encore, ce fut les 2/3 des poissons qui se décrochèrent.
Et parfois les rencontres étaient improbables comme cette fario à la robe peu commune sur ce tronçon au vu de toutes les autres prises déjà faites.
Qu'importe, les liserés blancs de ses nageoires valaient le coup d’œil.
Chaque prise était savourée du regard à sa juste valeur. Mais le temps passe vite en montagne et je devais accélérer le pas. Devais-je continuer à grimper en utilisant le sentier ou m'enfoncer dans ce dédale minéral et sa voûte végétale impénétrable ?
Va pour le dédale ! Et cette fois la végétation entourant celle-ci se fit de plus en plus dense, m'obligeant à des lancers de plus en plus précis.
De manière périodique, un poste classique ressortait du lot. Et le premier lancer était souvent couronné de succès.
Après l'avoir bien compris les jours précédents, le leurre devait toucher l'eau au plus près de la cascade pour pouvoir avoir assez de temps pour se faire repérer et ensuite intercépter.
Les quelques postes suivants ne donnaient pas forcément de poissons. Soit j'étais encore trop maladroit soit trop pressé. Un faux pas, un lancer un peu court et la truite retournait se cacher à toute allure...
Cette pépite était tellement énervée que je ne réussis pas à la photographier rapidement. Elle était beaucoup plus sombre que cela lorsqu'elle entra dans l'épuisette.
Les caches étant de plus en plus à l'abri de la luminosité, les robes n'en étaient que plus sombres mais changeantes pour le photographe lent que j'étais.
Par endroit l'eau se frayait un chemin difficilement, créant du même coup des postes techniques dans lesquels je parvins (non sans mal) à débusquer quelques poissons comme cette presque noiraude qui changea encore une fois de teinte en l'espace de quelques minutes...
Cette fois, j'arrivai au bout de mon séjour. Encore quelques minutes et le retour devait être amorcé.
Je lorgnais sur un ultime dernier poste plus vaste que les autres. Encore une fois, lancer très amont et récupération linéaire et c'est un fort joli poisson qui vint clôturer ce séjour en montagne.
Cette pêche exceptionnelle dans un cadre idyllique, je ne peux que la conseiller à tout un chacun.
Ma modeste expérience de pêcheur en rivières polluées ne m'avait jamais laissé penser une seule seconde que ce genre de cadre pouvait exister. Oui c'est vrai que l'on peut lire parfois de tels récits ou voir quelques vidéos. Mais je ne pensais pas un jour possible de réaliser de telles découvertes.
Bien évidemment le retour chez soi est toujours difficile et probablement plus fade. Mais s'il y a une bien une chose qui m'a marqué là haut, c'est que je sais plus que jamais pourquoi je pêche. Lorsque l'on est dans un tel cadre, il n'est plus question de toutes ces dérives que l'on peut voir sur internet notamment et les réseaux sociaux assurément. Il ne reste que nous-même et notre propre recherche personnelle.
Norman Maclean le disait déjà bien mieux que moi : "Et lorsque je suis ainsi seul dans le demi-jour des gorges, tout se brouille et s'estompe. Et il ne reste plus que mon âme et mes souvenirs, et les bruits de la rivière, et les quatre temps du lancer et l'espoir qu'une truite se lèvera..."
"Je suis hanté par les eaux"
J'espère revenir prochainement et régulièrement...