Le black-bass à la frog (1)

Récemment, je suis tombé sur une vidéo de Chris Zaldain avec un titre évocateur : Roots of the Topwater Frog : A Fishing Film ft Bobby Barrack...

Chris Zaldain est connu pour tenter des approches Big Bait en compétition mais il a également un faible pour la pêche du bass à la frog. Deux techniques qui me sont chères...

Certaines phrases, certains mots choisis par les deux protagonistes m'ont tout de suite donné envie de reprendre un article sur cette approche.

Certaines phrases expriment des ressentis que nous français pouvons avoir du mal à "mettre en mots".

Je tenterai donc de reprendre certaines informations au regard de ma modeste expérience.

Pourquoi la frog ?

Personnellement, j'ai dû commencer à pêcher à la frog en 2015 si mes archives sont justes. Elle m'apparaissait comme LE leurre ultra polyvalent. On peut la lancer dans le pire des postes sans avoir peur de la perdre mais aussi et surtout dans des espaces noirs d'herbiers où vous avez beaucoup de mal à passer avec autre chose...

C'est un peu le "topwater ultime" comme l'a dit David Dubreuil. De plus, chose que je ne savais pas à mes débuts, certaines frogs étaient plus faciles que d'autres à animer pour obtenir un walking the dog terriblement prenant.

Les deux pêcheurs font le constat dans la vidéo d'une évolution incroyable de ce leurre depuis sa création comparé à d'autres leurres plus simples et plus rudimentaires.

Les débuts n'ont pas toujours été faciles, il a fallu trouver la bonne animation en fonction du bon leurre. Ce que l'on trouvait alors en France n'était pas toujours très efficace. Disons que la plupart nageaient très mal ou pas du tout. En fait elles n'étaient pas toujours pensées pour cela...

Encore aujourd'hui, le pêcheur français lambda vous montrera une basirisky en parlant de frog...

Outre le leurre, il fallait mettre au point un ensemble leurre/ligne/canne/moulinet avec une certaine logique. On retrouve souvent cela dans les approches américaines : rien n'est laissé au hasard. Tout doit être choisi de manière réfléchie. Il faut mettre du sens sur les choses !!!

Progressivement je passais alors d'une canne MH à H, d'un ratio de 6.4 à 7.2. Un certain confort se mettait alors en place.

La ligne ?

Un point important mentionné dans la vidéo est l'apparition de la tresse. Bobby Barrack parle de Mars 1993 avec la tresse Spiderwire. Il compare cette nouveauté avec "la découverte de l'électricité" ! Le jour et la nuit...

Le fait de passer du monofilament au multifilament révolutionne alors leur ratio de poissons pris comparé au nombre d'attaques. Pour des pêcheurs professionnels ou en devenir, on imagine la différence non négligeable lors d'un tournoi...

En France on oublie ce détail important. Vous entrez dans un magasin de pêche et vous voulez du fil ? On vous conseillera automatiquement de la tresse avant même de parler de technique. Pire, si vous évoquez le nylon vous apparaitrez alors rétrograde...

Aux États-Unis, la tresse avait une raison d'être : elle venait prendre place dans des techniques où l'élasticité n'était pas requise et où la solidité était recherchée.

La lecture des végétaux, un apprentissage transversal...

Dans la vidéo, Bobby Barrack parle clairement de "mental game". Il y a un aspect visuel, une certaine recherche. Il rajoute que vous devez vous projeter avec le regard d'un bass embusqué.

Chris Zaldain dit qu'il ne s'agit pas juste de lancer un leurre de plus en cadence. C'est un véritable outil d'une grande polyvalence, d'une grande efficacité et qui apporte une connaissance de plus lorsqu'il n'est pas pris par le poisson. Chris Zaldain compare cela au Big Bait qui donne également beaucoup d'informations, pas seulement lorsqu'il est attaqué...

Bobby Barrack rajoute qu'avec tous ces éléments, on peut commencer à entrevoir un "pattern"...

J'ai découvert également à travers d'autres articles US, que la lecture des végétaux avait son importance. Cette lecture, je l'ai ensuite utilisée pour la traque de la perche, du chevesne et du brochet. C'est ce qu'on appelle un apprentissage transversal : on le réutilise dans d'autres domaines...

Un bon poste est visible, il suffit juste de savoir quelle espèce a besoin de quoi, quelle configuration végétale ou minérale apportera un élément essentiel. C'est un aspect souvent oublié par le néophyte.

L'efficacité de la walking frog !

Je me suis toujours demandé pourquoi cette technique était si redoutable. Qu'est-ce qui fait que le black-bass ne peut pas s'empêcher de venir la dégommer !?

Bobby barrack dit clairement que le bass a un objectif : devenir le plus grand possible le plus vite possible. Courir après un poisson ou une écrevisse demande de l'énergie. Venir dégommer cette chose en surface est trop facile et trop tentant : "This is easy, this is simple !".

Je concluerai sur la phrase suivante de Bobby Barrack : "Force them to make a decision !".

Pas besoin de traduction... C'est vraiment un feeling que j'ai toujours eu en lançant ma frog au bon endroit : on oblige presque le poisson à réagir !! Je trouve que c'est tellement mieux dit dans leur langue.

Il y a encore beaucoup à écrire sur cette approche. C'est un sujet vaste mais la vidéo est tellement pertinente qu'il me paraissait important d'en parler ici. De mon côté, je continuerai de pratiquer cette pêche chaque été...

PS : On va terminer cet article avec quelques actions de Bobby Barrack. Pour ceux qui hésiteraient encore, si l'été prochain vous êtes proches d'une rivière ou d'un canal avec des bass et des jolies zones enherbées... Vous ne le regretterez pas ! Les pêches en surface restent probablement les plus spectaculaires. N'hésitez pas à faire un tour sur sa chaine YouTube mais attention on peut y voir "Winter Froggin'". Je déconseille vivement ces vidéos qui peuvent être d'une violence inouïe pour certains pêcheurs français...