太極拳 au pays des "écarlates"
15 mars 202315 jours en mars, 15 jours que le retour au bord des eaux de première catégorie est autorisé. Il était temps de faire le point sur cette reprise en douceur...
N'ayant pas sorti une seule canne au cours des deux derniers mois, c'est un peu par hasard et malgré moi que je me décidai au dernier moment de retourner au bord des eaux franco-suisses.
Eaux basses, froid de canard, réveil peu motivé, arrivée retardée... La journée s'annonçait forcément difficile.
Encore un peu en mode hibernation, j'avais décidé de la jouer simple niveau techniques. Une canne typée leurres souples et une autre poissons nageurs.
Comme à mon habitude, histoire de fuir les hordes, je me retrouvai au bout de quelques heures à plusieurs kilomètres de la voiture.
La montre indiquera une petite promenade de l'ordre de 13km. Malgré tout, par endroit, le spectacle d'un printemps pas encore là s'offrait à moi dans une solitude apaisante mais aussi la rencontre de mon partenaire de jeu préféré de 2022...
J'en profitai pour tester les photos subaquatiques. Décidément celui-là... Bien sûr il n'était pas seul. Je vis également quelques chevesnes mais les truites étaient totalement absentes. Seuls quelques cadavres gisaient ici et là, symptôme de la mortalité du début d'année.
Après cette déroute prévisible et presque coutumière (je compte en 16 ouvertures ici une seule ouverture vraiment réussie), il était temps de plancher sur le second plan.
Le choix habituel de fuir au maximum les coureurs des rives et les spots à proximité des points de déversement était de mise afin de tenter de retrouver de vraies truites sauvages.
Une montée des eaux peu de temps auparavant pouvait me laisser entrevoir la possibilité de croiser un joli poisson...
Avec un tel panorama, les mots "froide" et "difficile" ne pouvait qu'accompagner cette ouverture 2023. Malgré tout, quel bonheur de se retrouver à proximité des eaux tumultueuses...
Quelques poissons peu joueurs pointeront malgré tout le bout de leur nez sans attaquer franchement le leurre, parfois même dans de tout petits cours d'eau. Le genre de postes improbables que j'adore...
Très rapidement des observations s'imposent. Même si les truites semblent encore engourdies et groggy par le froid, leurs sorties ne se font qu'au nombre de deux. Un troisième passage n'est plus du tout déclenchant...
Deuxième chose, je les trouve parfois dans des secteurs relativement courants. Jamais en pleine veine mais toujours à proximité. Mon œil de pêcheur de chevesne semble avoir oublié quelques bases.
A moins que ce ne soit cette remise en question perpétuelle qui force le pêcheur chercheur à un peu d'humilité ? Depuis quelques années, je n'hésite plus lorsque les touches se font rares, à présenter mes appâts ou mes leurres dans des veines différentes voire assez fortes... Ce point intéressant sera je pense à garder dans un coin de mon esprit en ce début de saison.
Pour ce qui est de ma préférence de la technique utilisée, c'est le leurre souple qui l'emporte haut la main.
La présentation d'un LS de 3" avec un hameçon texan complètement caché dans le leurre ainsi qu'une agraphe en tête pour parer les effets de l'abrasion, est pour moi ce qui se fait de mieux lorsqu'on veut passer au plus proche de la strike zone de Dame Truite.
Malgré cette efficacité discutable et malgré bien des essais, les premières sorties sont difficiles. Certains secteurs autrefois riches de poissons atypiques apparaissent complètement vides, inertes, sans la moindre vie...
Il était alors temps de retourner sur une rivière plus basse dans une vallée au climat différent. Autrefois, il n'était pas rare d'y trouver des arbres avec leurs premières feuilles début avril quand la neige et la bise semblaient encore bien installées à quelques kilomètres de là.
Ici aussi la crue se faire encore sentir et seul quelques zones restent pêchables. En insistant, je finis par prendre le premier poisson de l'année. Une zébrée typique mais blanchâtre.
Après l'avoir rapidement remis à l'eau, un deuxième poisson bien en forme pointe le bout de son nez...
Cette fois le compteur est ouvert mais les touches sont souvent trop légères. Il fallait encore une fois se remettre en question. La prochaine sortie se fera donc aux appâts naturels, histoire de renouer avec les touches et avec cette gestuelle finalement pas si loin du tai chi. Un art martial pacifique de la pêche en quelque sorte.
Je décide alors de revenir quelques jours plus tard sur la zone de la matinée d'ouverture pour en avoir le cœur net. Malgré les pluies diluviennes, le niveau est semblable à celui de la première session. Je vais pouvoir comparer et insister sur les zones où j'ai eu des gratouillis au LS.
Le résultat est sans appel : une douzaine de poissons piqués contre 2 touches lors de la première venue. A chaque poste probable se tient un ou plusieurs poissons. La 3m50 fait le job et c'est un vrai plaisir de pouvoir enfin renouer avec les touches cette fois mais aussi avec les sensations du toc.
Les poissons sont modestes, calibrés entre 20 et 25cm. Je décrocherai plusieurs poissons dont une légèrement plus grosse. Le cadre et la tranquillité est ce qui est recherché lorsque l'on vient pêcher ici...
Je sais quand et comment rechercher les plus gros poissons et ce ne sont pas les meilleurs conditions. Dans cette eau quasiment toujours cristalline, c'est une pêche diablement technique... Honnêtement, c'est un des secteurs les plus difficiles que je connaisse.
Dans le lot, je finirai par toucher l'une de ces écarlates. Ces fameuses truites qui m'avaient déjà impressionné par leur robe ponctuée par une multitude de points rouges. Ne me demandez pas pourquoi ni comment... Tout ce que je sais c'est que j'en attrape depuis que je pêche ce secteur, cela doit donc dater.
Plus bas je croiserai avec surprise, deux poissons remis récemment. Le premier petit bécard n'était pas vilain mais le deuxième poisson plus gras me posa quelques soucis.
S'appuyant sur son embonpoint, Monsieur se laissa emporter par un courant de crue relativement puissant... De quoi voir de quelle trempe était faite ma canne de 3m50.
Que faisait un tel poisson ici ? Mystère. En tout cas cette session me donne forcément envie de retourner au toc sur d'autres rivières.
C'est vraiment la technique que j'ai mis de côté trop longtemps et qui semble productive lors des débuts de saisons difficiles.
Finalement, c'est un début de saison poussif qui démarre. En général c'est bon signe, cela me force à persévérer et à tenter d'autres choses. Prendre un gros poisson rapidement n'est jamais de bon augure...