Et au milieu coule...
12 janv. 2025Souvenirs en rivière moyenne de moyenne montagne
La rivière sur laquelle j'ai débuté, Le Doubs, peut être qualifiée de "moyenne" mais elle coule également en moyenne montagne. A une altitude proche des 900 mètres. Elle a été très impactée notamment par l'industrie du Comté, n'en déplaise à certains. J'ai pris à témoin un ami qui habite bien plus bas et qui semblait avoir plus de truites que moi sur ses parcours. Il est venu une fois en mai... Il n'en revenait pas !
Le "gazon" qui colmate le fond jusqu'à la surface dès les premières belles journées fait froid dans le dos. Alors que très loin en aval, près de certaines villes industrielles, on peut voir encore les galets et bizarrement des parcours avec une densité de truites supérieure.
Chez nous, les galets on ne les voit qu'en période de crue. C'est dire...
Ainsi prendre une truite par endroit relève plus du suicide halieutique ou de la maltraitance psychologique. Néanmoins, on peut dénicher par endroit quelques "places" encore porteuses de truites.
J'ai notamment un secteur où j'ai encore quelques souvenirs vivaces. Elles ne doivent pas être nombreuses mais suivant les années on peut avoir la chance d'en croiser une ou deux.
Une fario sympathique d'avril, avec la robe typique de ce secteur. On dirait presque une lacustre et toujours sur l'éternel PN.
Les périodes intéressantes peuvent être les premières journées de mars mais également un mois d'avril tempéré ou un mois de mai humide. Pluie "chaude", cumulus et vent d'ouest sont porteurs d'espoir. La cuiller plein amont est en général bien plus rentable que le poisson nageur. Ces suites de radiers et de saules ne laissent que peu de place pour des postes marqués. Plus tard dans la saison, on y retrouvera chevesnes, perches et même brochets bien plus actifs que Dame Truite qui semble disparaître.
Je continue d'y retourner d'année en année sachant pertinemment que la déroute est quasiment assurée à chacune de mes venues. Ce qui me choque toujours c'est de tomber avec un pêcheur toujours prêt à ramasser la dernière survivante. Ce parcours devrait être no-kill depuis fort longtemps mais en altitude, le manque d'oxygène est visible sur les comportements de certains au sein des AAPPMA.
Ah ! Mais oui ! J'oubliais... Il ne faut pas critiquer sinon on vous demande de vous investir. Ben disons qu'on peut s'investir différemment que de perdre du temps dans des réunions. Je le vois bien dans mon métier, je pense que 10% du temps des réunions est productif. Personnellement j'ai pris pour habitude de remplir mon épuisette sur le chemin du retour, un geste concret pour la rivière. Chacun son truc.
Plus haut il y a un dernier secteur où j'aime aller mais là encore, les vraies sauvages se font rares.
En grattant bien entre les roches il est toutefois possible de faire de vrais jolis poissons comme le précédent. Dans ce cas, c'est avec un leurre souple et un hameçon texan que la chose devient possible.
Mais les fameux éléments extérieurs peuvent vous donner de vraies opportunités. C'est une véritable science et j'y ai consacré du temps plus jeune presque à en devenir chèvre... Mon équation était la suivante : si le niveau à la station X indiquait 0.90cm et une vitesse de 7m3 par seconde alors je savais qu'à l'endroit Y elles étaient dehors.
Mais attention à l'addiction en vue de faire la grosse ! J'ai plusieurs souvenirs de voir les bonnes valeurs sur l'application mais de ne pouvoir y aller ou bien juste quelques minutes avant la nuit, après 30 minutes de voiture, et voir un poisson de 50 repartir avec le leurre sur un combat trop violent.
J'ai beaucoup de souvenirs ici et le suivant est probablement l'un des plus beaux, concret. Car en effet, la fameuse grosse, je pense l'avoir tenue mais les hameçons sans ardillon ainsi que la glissade qui m'obligea à lever la canne m'ont fait perdre bêtement ce poisson que j'avais mis des années à traquer.
Je n'y retourne plus guère. Peut-être prochainement, qui sait ? Parfois on aime que certains endroits restent empreints de souvenirs.
Mais pas très loin de là, il y a eu beaucoup mieux. Il fallait bien que je la replace sur le blog après tout. Ce poisson hors norme pourrait presque introduire le prochain article relatif à la taille de la rivière pratiquée car il a été pris sur un affluent.
A l'époque, m'étant spécialisé dans l'utilisation des poissons nageurs, j'avais testé plusieurs modèles. Il fallait trouver un mix entre le côté "grand plongeur" et une capacité à ne pas trop tirer sur la canne. La présentation aval était facilitée par la densité flottante de certains modèles comme ce Rapala Minnow Rap 07 nom de code MR07.
L'idée des concepteurs, à l'époque, était de garder la bavette du bien connu Shad Rap mais affiner le corps en balsa, plus proche d'un "minnow". Ainsi vous obteniez le Minnow Rap avec une nage un peu plus subtile que le traditionnel Shad Rap...
Ce jour de mai, nous étions là tôt. Mon ami Lauri avait réussi l'exploit de toucher un poisson proche des 70cm. Nous savions que c'était possible de toucher de jolis poissons mais nous n'espérions pas si grands !
Ce matin là donc, mon poisson nageur s'était fait intercepter sur un poste "cas d'école" mais la violence après la décharge de la touche fut inouïe. La rivière en crue rajouta de l'incertitude. Mon 22/100 me sembla à ce moment là bien fragile. Mon frein presque trop serré ne libérait que peu de fil et c'est le pick-up qui montra des signes de faiblesse, en s'ouvrant presque à plusieurs reprises en faisant des CLAC CLAC...
Malgré tous ces rushs incroyables, le poisson rejoignit enfin l'épuisette et nous pûmes constater l'un des tauliers du ruisseau. Un poisson pas si long de 60cm mais d'une hauteur impressionnante.
Il portait les marques de plusieurs combats que visiblement il avait dû gagner dernièrement. Ce combat fut malheureusement le dernier puisque mal piqué et apparemment épuisé, le vieux poisson refusa de repartir... Malheureusement nos souvenirs de belles prises sont parfois marqués de moments moins bons.
D'autres moments tout aussi désagréables pourraient être évitables car ce secteur ayant été révélé à la mauvaise personne, a fini par complètement péricliter. Vous savez, le genre de pêcheur coureurs de like sur les réseaux... Sponsorisé bien évidemment mais par dessus tout peu scrupuleux des lois et d'une certaine forme de respect envers la nature. C'est ainsi. Je n'ai jamais pris le temps de revenir outre mesure, peut-être en 2025 ?