Précision et altitude - Jour 1

Plantons le décor : quelques jours de vacances dans les Alpes avec cette idée qui trotte dans ma tête depuis des années, prendre un saumon de fontaine en altitude. Je ne sais pas pourquoi, les couleurs de ce poisson m'ont toujours émerveillé.

En bon aquariophile, je dis souvent "peint par la nature" tellement certains poissons peuvent être magnifiques et me fascinent.

Voici donc un récit en 3 parties de ces quelques jours dans un paradis que j'ai découvert lors de mon 40ème été... 😉

Après quelques repérages sur les cartes, notamment géoportail mais également sur les sites de la fédération du coin, je note tout de suite une rivière qui semble connue par certains spécialistes.

Problème, on me dit que les saumons de fontaine ne seront présents qu'à partir d'une certaine altitude, 1850m d'après Emmanuel qui est une encyclopédie vivante des rivières à truites françaises.

J'ai donc déjà un secteur à truites. Il me reste à trouver un secteur pour ces ombles de fontaine...

Quelques jours avant le départ, en furetant sur des blogs de randonnée pour avoir une certaine visualisation de ces cours d'eau, je tombe sur un ruisseau charmant en apparence mais son nom me dit vaguement quelque chose. 

Effectivement, en repassant sur le site de la fédération il est marqué noir sur blanc qu'il contiendrait des ombles de fontaine...

Quelques jours après mon arrivée, le coup du matin prévu et annulé (à cause du chien qui semblait ne pas vouloir s'adapter à ce lieu de vacances), c'est vers 17h que je pars remonté comme un coucou.

En bon traileur, j'ai profité la veille d'une excursion en haut du col pour voir de quoi ce ruisseau pouvait avoir l'air. Une pierre, deux coups. Problème, en 4,5km le dénivelé positif est de plus de 850 mètres...

En redescendant tel un idiot qui ne connait que la moyenne montagne, j'y laisserai la moitié de mes pieds et la totalité de mes cuisses. Mais le repérage est fait et j'ai observé des petites ombres par endroits ! Il y a donc de la vie !

C'est donc douloureusement que je parviens à me re-hisser à plus de 2000 mètres d'altitude.

D'entrée je comprends que cela va être dur. Les postes sont microscopiques. La précision est plus que jamais de mise. Pour rester dans ma mouvance de l'année, j'ai fait fi de mes cannes au toc. Je reste bloqué en mode ultra léger...

En préparant ma boite, je me suis rappelé les sorties d'Emmanuel et de Jérôme à la recherche de ces mêmes poissons il y a quelques années. Pour le toc, la sauterelle semblait être évoquée. Dans mes souvenirs, Jérôme avait réussi sa pêche avec un petit leurre doré...

Lors de ma montée et les jours précédents j'ai observé justement ces fameuses sauterelles. Parfois vertes, parfois jaunes effectivement ou tirant légèrement sur le blanc au niveau du ventre.

Après plusieurs essais, mêmes mes PN sinking de 2,6g passent difficilement et semblent s'accrocher aisément. La profondeur n'est pas énorme et il faut un leurre qui se fasse repérer rapidement. Le Tiny Fry 38 SP semble tout indiqué avec ses 1,5g et avec la température de l'eau, un de mes modèles tend même vers le flottant.

Mais comme toujours, précipitation, manque de concentration et pêche dans l'inconnue me font rater d'entrée de jeu plusieurs poissons jusqu'à ce que...

Un premier poisson se pique enfin ! Le pêcheur était bien trop tendu ! Une fois cette première prise, les ombles de fontaine vont alors s'enchainer...

Le déclic a eu lieu. Sur chaque poste, sur certains tronçons, je parviens à faire bouger des poissons. Si ceux-ci ratent le leurre une première fois, cela reste difficile de parvenir à les déclencher aussi vivement lors d'un deuxième ou troisième passage.

Ces bougres sortis du rocher par le raffut du Tiny, se mettent alors parfois à gober en me narguant... Incroyable !

Certains ont le bidon bien rempli. Je ne peux deviner ce que c'est mais la cantine a l'air appréciable même si le milieu semble rude. La plupart de ces poissons ont des nageoires marquées probablement par les rochers saillants dans les trous où ils se tiennent.

A chaque poisson je profite de la rencontre pour prendre des photos ou tout simplement le regarder et ne pas perdre une miette de ces parures magiques...

La taille n'est pas extraordinaire mais comme à mon habitude, je m'en moque. J'ai là ce dont j'ai toujours rêvé depuis pas mal d'années. Ils n'ont pas non plus de notes très orangées comme j'ai déjà pu le voir, ce sera pour un prochain séjour !

Ceci étant dit, sur un poste légèrement plus vaste que les autres, mon leurre se fait intercepter par un poisson qui me semble plus grand. Cela se débat et c'est plutôt orange !!

Une truite fario me fera cette surprise. Un poisson dans les 25cm à plus de 2200 mètres d'altitude.

Finalement, deux espèces sur ce type de ruisseau. Je suis plutôt content de ma sortie. Le problème c'est que nous sommes en montagne et la journée semble hésiter. Quelques nuages menaçants s'accrochent aux pics avoisinants et le soleil semble se cacher réduisant du même coup le nombre de touches...

Deuxième problème, ma passion. A chaque cascade je me dis "encore une"... Le temps passe... Je ne suis finalement plus si loin du meilleur poste mais aussi du cul de sac. Après cela, le ruisseau se transforme en un filet d'eau sans poste viable.

Il est déjà tard mais je tente quand même.

Malheureusement, le poste est occupé par un groupe de randonneurs et leurs enfants. Les poissons observés quelques jours avant, semblent calés sous les berges.

Après moults essais et en me décalant nettement du groupe, je parviens enfin par prendre un omble plus foncé que les autres et avec ces fameuses notes orangées sous le ventre. La session touche à sa fin et le soleil décline nettement cette fois...

Mais je suis têtu. Je m'obstine. Oh encore une cascade ! Oh encore un poste !! Avec ces minutes qui s’égrainent et la pression de redescendre en toute sécurité, je rate poisson sur poisson... Diantre ! Ce n'est pas possible !!

Soudain c'est la fin. Il me reste un dernier poste. Je m'applique. Et cette fois je ferre ! Le poisson me gratifie aussitôt d'une chandelle incroyable et retombe entre deux cailloux. Décroché... Zut. Flûte. Crotte. Et merde tiens oui !

En approchant, celui-ci tente de se réfugier sous un rocher au lieu de prendre la veine. Je parviens à le saisir avec mon épuisette mais...

Je n'en crois pas mes yeux ! Une petite arc sauvage !! J'avais bien lu que les trois espèces étaient présentes mais je ne m'attendais pas à cela !

C'était inespéré. Sur le dernier poste, comme un clin d’œil de la montagne ou de son esprit, la troisième et dernière espèce m'est donnée en contemplation quelques minutes.

Je rigole seul dans la montagne. Quel bonheur simple. Un mince filet d'eau, une petite canne, deux leurres d'à peine moins de 2 grammes... et un panorama... La richesse de la faune et de la flore est à couper le souffle.

Cette fois il est temps de retourner voir les humains. 50 minutes de descente m'attendent.

Que retenir de cette première session ?

Des postes très techniques mais visiblement des poissons peu pêchés et peu regardants. Ceci étant dit, la discrétion reste de mise. Le moindre mouvement de trop, la moindre avancée trop rapide et vous mettez en alerte votre future zone de lancer.

La prochaine journée consistera à découvrir cette fois une petite rivière plus large mais également plus basse en altitude. Ce seront donc plutôt les truites qui seront ici visées...

A suivre...