Cette fois place aux grosses perches. Nous ne pouvions pas ne pas parler de ce poisson qui représente pour nous probablement le plus beau poisson de nos eaux. Un poisson fantasque et parfois terriblement difficile à cerner, d'autant plus lorsque vous êtes limités dans vos moyens pour le traquer.

Il sera ici essentiellement question de la traque de ces poissons du bord. Cela rajoute une difficulté à la prise de spécimens et donc une saveur en plus quand on pense l'objectif presque atteint...

Qu'est ce qu'une "déka-perche" ?

Boya, masta, pizza... avez-vous déjà pu lire. Vous n'êtes probablement plus à un nom près, j'avoue que le terme "déka" est un petit délire entre Damien et moi. Vous avez sûrement déjà entendu ces vidéos japonaises dans lequel le pêcheur se met à hurler ce mot en sortant un gros bass...

Oui nous avons probablement été bercés trop près du mur ou bien nous avons ingurgité trop de vidéos japonaises. En réalité, probablement les deux.

 

La déka-perche ou l'incessante quête de la licorne

Venons-en donc aux faits, qu'est-ce qu'une grosse perche ?

Tout le monde aura sa propre définition. Mais un point sur lequel nous nous accordons est que la taille d'une vieille perche sera dépendant du type de nourriture en présence et bien-sûr le positionnement géographique de la zone pêchée.

Vous avez dit Jumbo ?

Vous avez dit Jumbo ?

Personnellement, chez moi en milieu de moyenne montagne, j'estime qu'un poisson de + de 40cm est déjà fort respectable. Sur certaines rivières à truites (sans truite) mais courantes, je trouve même qu'il y a un travail à faire pour arriver à dépasser ne serai-ce que 35cm. En plan d'eau, ce n'est pas pareil.

J'ai beaucoup de souvenirs de poissons aux alentours des 36, 37 voir 39cm qui me paraissaient déjà de forts jolis poissons.

Un poisson printanier pris quelques temps avant la fraie.

Un poisson printanier pris quelques temps avant la fraie.

Une année je me suis focalisé sur un secteur en pensant que je pourrais réussir à capturer une de ces saintes reliques... Encore fallait-il qu'elle existe ?

Parce qu'au fur et à mesure du temps qui passe, de mes nombreux essais parfois totalement infructueux et de la mentalité toujours archaïque de la plupart (prélèvements à outrance peu importe la taille), force est de constater que certains plans d'eau peuvent parfois être l'ombre d'eux-mêmes.

La remise en question est un point très important dans la traque de la licorne mais quand même... Quand vous avez passé plusieurs années sur certaines zones et que vous ne voyez ni n'entendez plus aucun écho de belles prises, il est temps pour vous de passer à autre chose. Avec le recul on comprend parfois bien tard la perte de temps.

Ce genre de souvenir à jamais ancré. Une saison consacrée à un poisson qui existait réellement sur un si petit cours d'eau. J'ai eu le plaisir particulier de la revoir quelques temps après suivant mon swimbait pour le brochet...

Ce genre de souvenir à jamais ancré. Une saison consacrée à un poisson qui existait réellement sur un si petit cours d'eau. J'ai eu le plaisir particulier de la revoir quelques temps après suivant mon swimbait pour le brochet...

Pour Damien : Il y a 15 ans j'aurai répondu 50cm sinon c'est juste une perche. Pourquoi un tel raisonnement ? Et bien la jeunesse du pêcheur et la bonne santé avec une pointe de snobisme et de fierté mal placée...

En 2021, l'âge aidant, ma philosophie n'est plus "50cm or nothing". Mes envies commencent à changer, j'essaie juste de retrouver le plaisir de mes premières perches. Celles qui dépassaient les 30cm étaient des "dékas". Puis mes premières perches de plus de 40cm...

Je suis longtemps resté bloqué à une barre ne dépassant pas les 45cm. Puis en sacrifiant beaucoup de choses, j'ai franchi la barre des 50cm du bord et j'ai enchainé les perches de + de 50cm pour finir amer, comme drogué, cherchant toujours plus...

Finalement quand je réfléchis aux sacrifices et aux heures passées au bord de l'eau, je me suis vu faire par semaine une moyenne de + de 20 heures de pêche pour enregistrer 0 touche, 0 poisson et cela pendant des mois pour avoir mon "shoot d'adrénaline" sur un seul ferrage et sentir les coups de tête rageurs d'une "déka"...

Pour ceux qui ont déjà eu la chance de faire des perches dépassant les 45cm, ils savent la puissance des coups de tête. Son combat est reconnaissable entre tous, dès les premières secondes on sait que c'est une déka. Mon record personnel restera personnel, ma fierté je la trouve autre part dans le fait que 98% de mes grosses perches ont été prises du bord et dans le domaine publique.

Au final, le poisson record est celui que l'on espère. Tant que la taille ou le poids du poisson dépasse votre record précédent et que vous pouvez vous dire que la démarche a été honnête. Pour moi c'est une déka !

Au final, le poisson record est celui que l'on espère. Tant que la taille ou le poids du poisson dépasse votre record précédent et que vous pouvez vous dire que la démarche a été honnête. Pour moi c'est une déka !

Maintenant si on enlève le côté poète, je voudrais revenir sur la mesure ou plutôt les mesures. C'est très européen la "taille" du poisson. Si on veut parler de vrai record, il n'y a qu'une seule référence : l'IGFA.

Un organisme international qui comptabilise les records et assure l'authenticité de la prise. Cela fait quelques années que la perca fluviatilis est rentrée à l'IGFA et pour cet organisme (qui n'est pas le magasin de pêche du coin ou des piliers de comptoirs qui mesurent avec les doigts) seul le poids du poisson compte avec des pesons certifiés IGFA. On les trouve facilement sur le net.

Donc si on parle entre vrais "specimen hunter", à partir d'un kilo la perche pourrait être considérée comme un très joli poisson.

La déka reine...

La déka reine...

La déka-perche du bord... Comment ?

Pour ce qui est des techniques, nous venons là encore de deux mondes opposés.

Mes dernières belles perches ont souvent été prises avec des LS ou micro-jigs relativement petits en fonction du "baitfish" présent en nombre chez moi : le vairon.

Une déformation du pêcheur de truites que je suis, probablement.

J'avoue que le ressenti de la touche sur canne light est pour beaucoup dans mon addiction à cette technique. Le céleste "POC" électrique...

Petites cannes, petits moulinets, petits leurres mais bien souvent maxi perche gourmande !
Petites cannes, petits moulinets, petits leurres mais bien souvent maxi perche gourmande !

Petites cannes, petits moulinets, petits leurres mais bien souvent maxi perche gourmande !

Ces dernières années, j'ai commencé à monter légèrement en taille de leurres. Que ce soit au spinnerbait, avec des glidebait de taille raisonnable (dans les 10/12cm) ou encore avec des jigs imitation écrevisse ou grenouille tels qu'utilisés pour le black bass.

Si les deux premières techniques ne sont pas encore réellement sorties du lot (probablement à cause des zones pêchées), le jig m'a fait entrevoir quelques poissons intéressants et surtout leur positionnement.

C'est parfois en revenant avec des techniques plus fines que je concrétisais ces prises. Le milieu fort encombré où j'ai jeté mon dévolu ne permet pas toutes les approches et bien souvent les sorties peuvent s'enchainer sans résultat, voire même les saisons...

Sur un mince filet d'eau, ce genre de poisson est parfois le résultat de plusieurs saisons de traque.

Sur un mince filet d'eau, ce genre de poisson est parfois le résultat de plusieurs saisons de traque.

J'avoue enfin avoir un faible pour une technique fort plaisante, sûrement due au côté visuel de la chose : la pêche au popper.

Terriblement efficace et encore trop peu utilisée, dans les milieux encombrés ou à ras des berges lorsque l'on sait la population de belles perches présentes... C'est un vrai déclencheur à beaux poissons.

Dans les années à venir, ce sera donc également un cheminement à suivre (toujours pour le côté visuel) avec d'autres types de leurres (que Damien maîtrise) comme les wakebaits type Dagored ou encore des big stickbaits destinés au black-bass...

Ouverture du 1er mai avec un front froid, neige au départ de la maison... Et pourtant, elle n'aura laissé aucune chance au popper : complètement englouti.

Ouverture du 1er mai avec un front froid, neige au départ de la maison... Et pourtant, elle n'aura laissé aucune chance au popper : complètement englouti.

Une petite vidéo dans l'esprit déka... Avouez que les attaques visuelles sur ce type de leurre sont juste géniales !?

Pour Damien : Mes techniques ou approches préférées pour pêcher la déka sont celles qui fonctionnent sur le moment...

Je m'explique : d'après ma propre expérience il y a deux directions. La première, coller au moment présent. On pourrait traduire cela en langage de pêcheur à du "match the hatch" avec beaucoup d'observation. La seconde serait la taille du leurre. Dépasser la taille des leurres fréquemment utilisés sachant que généralement la moyenne des tailles de leurres utilisés varie entre 2 et 4 pouces, donc pas très gros.

Exemples :

- Si les gens pêchent un secteur avec des finess de 2 ou 4 pouces, moi je passerai directement entre 6 et 8 pouces.

- C'est l'été, les gars pêchent avec des stickbaits entre 6 et 10cm. Pas de soucis, moi je pêcherai avec des topwater entre 13 et 20cm.

- Le spinnerbait utilisé dispose d'une palette de 4cm ? Moi ce sera entre 8 et 10cm...

Et ainsi de suite...

La grosse problématique dans cette seconde approche sera d'attirer d'autres espèces comme le brochet. Et suivant le secteur, cela me forcera à être obligé de rajouter de l'épaisseur à mon bas de ligne.

Au final, ce qui compte c'est l'adaptation au regard de ces deux idées directrices. Si je ne devais faire qu'un raccourci : toujours plus gros que les autres dans la taille des leurres. Il faut que quand je croise un pêcheur il se dise "Tiens le gars pêche le black bass ou le brochet". Mais bien-sûr tout cela ne pourra être possible qu'avec une fine connaissance du secteur.

C'est la connaissance du secteur pêché qui va me permettre de faire de la déka.
C'est la connaissance du secteur pêché qui va me permettre de faire de la déka.

C'est la connaissance du secteur pêché qui va me permettre de faire de la déka.

Pour finir...

Nous espérons donc que ces quelques lignes vous feront entrevoir d'autres possibilités et vous amèneront des idées plus larges sur ce poisson. Il ne faut pas non plus se jeter la pierre lors de l'utilisation de techniques plus classiques. Nous avons tous nos propres envies, nos attirances vers une ou plusieurs approches mais également nos contraintes en terme de temps et de possibilités.

N'oublions pas non plus de mettre de la distance avec des photos ou vidéos (l'éducation à l'image sera un jour une matière enseignée au collège, j'en suis convaincu) de certaines prises faites dans des milieux particuliers (bien souvent cela n'est précisé). Si vous prenez la parole, vous serez peut être traités de jaloux ou de rageux (c'est à la mode) mais par les temps qui courent avec la mode du sponsoring, la course à la kékette est devenue pourvoyeuse de contrats et l'éthique laissée aux oubliettes.

Gardons donc à l'esprit que la déka-perche de nos rêves est celle qui nous rend heureux. Et même si la traque d'un gros spécimen est tout à fait admissible, il ne doit pas nous guider aveuglément et sans discernement vers une passion sans limite...

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