12 tours autour
03 janv. 2025Intro rétro
Voici le premier article de 2025 mais je vous propose un retour en arrière avec l'ouverture d'une catégorie "Rétro". Et quoi de mieux que de commencer avec des souvenirs liés à Dame Fario et réveiller ainsi le truiteux qui sommeille en nous en ce début d'hiver. C'est marrant d'ailleurs le terme "truiteux"... Je me suis toujours vu appelé ainsi lorsque j'ai commencé à arpenter les rivières de seconde catégorie car j'avais débuté par la pêche de la truite. Pourtant, ce n'est pas réellement le cas.
Les origines de ma pratique "truite"
Mes premiers souvenirs de pêche pour un fils de non pêcheur sont toujours aussi vifs. Je me rappelle avoir mis la main enfant sur un trésor. Mon père avait dû, lors d'un égarement halieutique en bord de mer, acheter quelques matériels. Ma mère m'avait rapporté que le miracle de la capture n'avait pas eu lieu et le matériel avait donc fini par trouver une place poussiéreuse dans la cave. Je ne peux nier que cette future passion était déjà là en moi. Cette découverte m'a marqué car en découvrant ces ustensiles, je sus tout de suite que pêcher allait devenir mon premier centre d'intérêt. J'ai d'ailleurs toujours la trousse de l'époque. Elle contenait quelques bouchons, buldos et de vieilles cuillers.
Souvenir vivace également de ma première rencontre avec un étang, lors de vacances en Dordogne si mes souvenirs sont bons. Le camping où nous étions donnait un droit de pêche dans un étang en contre-bas. L'odeur de ma première session estivale en bord d'étang ne s'oublie pas. L'univers des marais est donc un réel besoin pour moi. Ces eaux plus ou moins mortes mais surtout cette végétalisation différente, touffue, généreuse et omniprésente qui permet un nombre de caches incroyable. Un milieu qui regorge de vie à tous les niveaux. Qu'il soit tourbeux ou simplement gadouilleux, il procure pour moi des odeurs nécessaires dans ma vie de traqueur de poissons et avant cela, de traqueur de grenouilles et autres tritons.
Plus tard, ce n'est que lors d'un déménagement à l'âge de 7 ans de la région parisienne vers le Doubs dans le massif du Jura, à deux pas de la Suisse, que je découvrirai enfin mon premier ruisseau et ensuite ma première rivière. Quand on a un ruisseau qui coule à deux pas de l'école municipale, cela laisse des traces !
Première pêche dans une réserve avec mon ami Sylvain, première engueulade par un pseudo et jeune garde de pêche en 205 GTI rutilante. Que de souvenirs... C'est à ce moment que j'ai découvert ma première truite. Alors non, désolé de vous gâcher le plaisir mais nous n'étions pas doués. J'ai dit découvert mais j'aurais pu préciser "visuellement". Ma première truite et ma première truitelle sauvage (car à l'époque je ne savais pas qu'il fallait distinguer les deux) arriveront lors de mes années au collège.
Ça vous donne pas envie ça ? Ça respire pas bon le printemps avancé ? Tout y est : une contrée verdoyante et de jolis cumulus. Ce genre de photo me donne l'envie de sauter dans ma voiture et de mettre de côté tous mes soucis quotidiens pour n'être que là, juste là, présent au bord de l'eau. Le reste n'est que détail.
C'est dans ces années là que la passion s'amplifie avec notamment la découverte des premiers magazines de pêche. Nous sommes alors dans les années 90. Certaines heures d'étude au collège de Mouthe, ville la plus froide de France, sont passés avec certains de mes camarades à lire et relire les mêmes articles. A l'époque, nous découvrons la pêche au toc, la pêche au devon. Nous ne connaissons que la pêche au ver au bouchon ou à la cuiller mais je vais personnellement découvrir un de mes futurs grands amours : la pêche au Rapala.
La pêche au poisson nageur a sur moi à ce moment là une attirance forte. Pourquoi ? Est-ce la beauté de ces petits objets taillés dans le balsa ? Le côté pratique qui me permet d'esquiver le fait de se procurer des vairons et de se rapprocher de cette pêche si efficace ? Ou bien tout simplement encore une fois, le fait d'avoir un leurre proche d'une réalité. Animer une "presque" proie.
Un deuxième amour est pourtant là sous mes yeux et je ne le sais pas encore. Au fur et à mesure des années, je vais dévorer tous les magazines que je trouve avec une préférence pour certains comme "Pêche Pratique" et plus tard "Le pêcheur de France" ainsi que "La Pêche et les poissons" ou encore "Le Canard du pêcheur".
Arrivant en fin de collège, il est question de s'orienter. Ma proposition de faire guide de pêche n'a pas plu ni à mon prof principal ni à mes parents qui se demandent ce que c'est... Mon stage de 3ème en pisciculture en plein hiver et la rare occasion pour le pisciculteur d'avoir un stagiaire et donc de pouvoir refaire toutes les protections contre les hérons (à l'aide d'une bobine de fil d'acier et une masse dans 80cm de neige pour le freluquet que je suis à l'époque) met un coup de frein à mes ambitions. Je ne serai pas pisciculteur... Mais il y a toujours ces magazines, je serai alors journaliste halieutique. Pas de chance, je découvre que la plupart ont un métier à côté.
Mais internet va tout changer. Dans les années 2000, c'est l'émergence des forums et notamment celui que j'arpente régulièrement : Pêche de la truite. Qui verra également la naissance d'une association et d'un magazine en ligne, Le monde de la truite, fait par quelques-uns de ses membres. C'est à cette période que les blogs ont le vent en poupe. Tous ceux qui veulent partager leurs sorties de manière plus détaillée ouvrent leur blog. Mais l'arrivée des réseaux sociaux avec Facebook en tête va tuer à la fois cet espace public d'échange appelé forum ainsi que cette multitude de blog.
Personnellement je n'ai jamais arrêté. Après Atoutpêche puis Freswater Dreamer ou encore Pop2korn, Criminal Anglers est le dernier de cette longue lignée commencée à la fin des années 2000. Cela m'a permis de réaliser un vieux rêve de gosse : devenir presque (!) journaliste halieutique. Et voilà où cela nous amène en 2025. Si j'étais Bilbo Baggins, je pourrais dire : "Et c'est à ce moment là, Frodon, que je fis mon entrée !". Mais pour moi écrire sur un blog n'est pas juste raconter des sorties, j'attache une importance à transmettre des savoirs. Car en étant devenu enseignant et en ayant la fibre de la transmission, je souhaite toujours partager pour véhiculer une idée ou un ressenti. Mais je me garde bien de parler de choses que je ne maîtrise pas totalement.
Dorénavant, il y a YouTube. Quoi de plus pratique qu'une vidéo plutôt que de se casser la tête à écrire. Le problème c'est que n'importe qui peut faire n'importe quoi. Combien de fois me suis-je insurgé seul devant mon écran en écoutant les dires de certains pêcheurs plus ou moins débutants, parler d'une technique alors qu'ils n'en connaissent pas les bases.
Malgré tout cela le blog est encore en vie. Certains m'ont encouragé et j'avais donc à cœur de reprendre quelques-unes de mes nombreuses photos sur la truite. Pêche qui est devenu minoritaire dans mes approches d'aujourd'hui. Pêche que je voudrais voir refleurir sur le blog et quoi de mieux que de se replonger dans quelques instants figés par la photographie.
Souvenirs en rivière moyenne de plaine
Commençons donc par une série de photos prises sur une rivière éloignée de chez moi mais qui m'a vu vivre des moments incroyables. Rivière découverte par l'un des membres de cet ancien forum, un certain Manu. Rivière riche en truites hors norme. Rivière certes polluée mais rivière pouvant permettre à certains de se mesurer à des poissons pas forcément fréquents ailleurs... A l'époque...
C'est le cas de ce poisson proche des 55cm. Photo intéressante même si on ne voit pas le matériel car j'avais pris cette truite sur un ensemble casting ce qui était plutôt novateur car le Baitfiness n'existait pas encore. Je me souviens des moqueries de mes petits camarades lors de cette sortie notamment pendant le combat aérien de cette démoiselle... J'avais monté mon moulinet d'un solide 25/100 et j'avais pu gérer les chandelles et les départs au pouce ainsi qu'en m'appuyant sur la souplesse de ma canne M plutôt regular.
Une fois mise à l'épuisette, le rire n'était plus dans le même camp car elle venait compléter un chevesne de 50cm et une perche de 40cm pris plus tôt dans la matinée. Une truite prise au poisson nageur bien évidemment, un Pointer (B'freeze) 78 SP LB coloris black-bass. Et revoilà donc ces fameux poissons nageurs ! Dans le cas présent, une présentation classique aval fut utilisée. Pas sûr de proposer à nouveau ce genre d'approche sur des poissons éduqués.
Mais qui dit présentation aval pourrait dire : et pourquoi pas amont ? Si en aval on peut jouer sur la dérive et une fin (suivant le point de départ) par un arc de cercle, il n'en est rien en amont. La présentation n'est plus proposition mais force à la réaction. Ainsi quelques années plus tard, sur la même rivière, alors que je venais de faire prendre son nouveau record à mon ami Fabien, je tentais un long lancer sur le poste dit "des saules".
Cette séquence restera éternellement dans ma tête. Ce genre de présentation d'un poisson nageur était peu pratiqué et il permettait de défier les plus malines... Car après avoir commencé ma récupération rapide, un obus se dirigea droit sur mon Pointer 65 SP coloris vairon cette fois. Je fis une pause, l'instant sembla figé, elle observa le PN qui ne bougeait plus, suspendu... Un twitch et elle engouffra le leurre !
La suite est épique puisqu'elle filera à toute vitesse en aval !!! Je me revois courant dans peu d'eau avec le frein du moulinet qui hurle et moi qui rigole à en avoir mal aux abdos tellement l'action est folle...
Cette fois la barre des 60cm semblait envisageable mais plus que ça c'est cette suite d'actions qui fait parfois un souvenir inoubliable. Vous vous doutez bien de la suite ? Bien entendu, il fallut y retourner...
Entre temps, je testai une nouvelle canne pour le vairon manié, plus longue que mes précédentes. Exit donc la pêche en casting ou au lancer. Avec ses 3 mètres de long, la canne me permettait de travailler pleinement les dérives. Chose à laquelle j'avais pris goût lors de mes pêches au bouchon mais cette fois je tentai quelque chose que je découvrais à peine : une présentation d'un LS type finess sur le fond en dérive inerte. Pour cela j'avais monté mon leurre souple sur un hameçon texan et la plombée se faisait au moyen d'un plomb pincé sur une agrafe.
Il s'agissait d'une simple plombée articulée et cela ne portait pas le genre de nom stupide que l'on trouve aujourd'hui et qui n'a absolument aucun sens. Mais ce détail a son importance car l'articulation permet au fil d'être maintenu à la verticale. Pour l'avoir repris ces dernières années sans forcément l'articulation, l'abrasion du sol peut faire perdre beaucoup de montage. L'articulation avec une agrafe est donc nécessaire.
Ainsi me voilà sur un radier connu mais pas de poisson à l'horizon. Je passe et repasse en dérive inerte sur le fond. Présentation que j'ai depuis baptisé "dead streaming". Oui moi aussi je peux trouver des noms barbares. Mais soudain la bannière s'arrête. Dans le doute je ferre mais je suis surpris car lors des précédents passages il n'y avait pas d'obstacles... Quelques coups de tête plus tard, l'obstacle est bien vivant et ma canne bien que longue fait la grimace. Mon 16/100 ne me rassure pas du tout... Pourtant ce poisson finira dans l'épuisette.
C'est un de mes derniers souvenirs en ce lieu avec un poisson de 59cm. Ce fut également une de mes dernières années très axée sur la truite durant laquelle je pus croiser un deuxième poisson de ce calibre. D'autres poissons allaient me faire faire des infidélités à Dame Truite et ce n'était pas pour me déplaire.
Mais j'avoue que l'eau courante a toujours eu un effet ressourçant sur moi. C'est probablement pour cela que la pêche du bord ou dans l'élément reste dominante dans ma pratique.
C'était il y a douze tours autour du soleil, un cycle en somme...